La chimio et ses effets secondaires : nouvel uppercut !

La chimio et ses effets secondaires : nouvel uppercut !

Les effets secondaires liés à la chimiothérapie sont nombreux. Voici la liste des coups auxquels se préparer pour éviter le K.O…

Ces effets secondaires sont dus au principe même du traitement : les cellules cancéreuses se développent rapidement et le traitement détruit les cellules à division rapide. Or la chimio attaque également des cellules saines à développement rapide, comme par exemple celles des follicules pileux, celles tapissant la bouche, celles contenues dans la moelle osseuse… C’est là que les effets secondaires se manifestent.

Nausées

Les nausées, voire les vomissements, peuvent apparaître dès la première chimiothérapie. Elles durent d’une journée à plusieurs jours. Après quelques séances, il arrive également que certaines personnes ressentent des nausées avant l’administration du traitement, le corps anticipant l’injection du produit.

En ce qui me concerne, des nausées sont apparues dès le premier jour et ce, dès le début de la séance. Heureusement, mon expérience de marin m’a permis de les gérer convenablement, en les abordant comme un mal de mer : le bateau tangue, le cœur est à l’envers, on n’a pas envie de s’alimenter, juste de se rouler en boule et de ne pas bouger. Mais en se forçant à manger, les nausées diminuent et l’on se sent beaucoup mieux.

L’autre astuce, issue de la natation, consiste à compter les carreaux : un prof de natation me disait que pour arriver à traverser un bassin en apnée, il faut se distraire en comptant les carreaux du fond. Si, au contraire on pense à son rythme cardiaque, à l’oxygène que l’on a en réserve, on suffoque plus rapidement. Essayez donc de penser à autre chose qu’à vos douleurs ou vos nausées. Distrayez votre cerveau sortez, marchez, voyez des proches ou revisionnez vos séries préférées. Pour ma part, me concentrer sur des sujets qui me sont chers m’a bien aidé : je repensais à mes sorties en bateau, mes road trip en moto, mes plus belles randonnées…

Fatigue

La fatigue s’installe très rapidement, dès la première séance de chimiothérapie. Les causes sont variées :

Produits de traitement
Cellules cancéreuses qui se décomposent et que le corps élimine
Manque d’appétit
Anémie
Dépression (légère ou profonde)

Cette fatigue intense est à la fois physique et intellectuelle et peut durer quelques jours. Elle risque donc d’impacter vos activités professionnelles et plus largement toute votre vie quotidienne. Puis les forces reviennent, les effets secondaires s’atténuent et vous reprenez une vie à peu près normale.

En ce qui me concerne, une dizaine de jours étaient nécessaires pour reprendre le dessus. Cependant, les séances s’enchaînant toutes les 3 semaines, la durée de récupération s’allongeait au fur et à mesure du traitement : 6 jours ont été nécessaires pour être à peu près “en forme” après la première chimio et… plus d’un mois pour la sixième !

La seule astuce pour contenir la fatigue ? Poursuivre une activité physique. Même fatigué, même épuisé, maintenez votre corps en mouvement : vous entretiendrez votre tonicité mais surtout votre moral ! On pense donc à nos amies l’endorphine et la dopamine !

Mais attention, retrouver votre forme physique initiale (celle d’avant la maladie), prendra beaucoup plus de temps… La maladie, les éventuelles interventions chirurgicales et la chimiothérapie perturbent profondément votre organisme et le temps de récupération totale peut être de plusieurs mois voire plusieurs années.

Perte capillaire

La perte de cheveux n’est pas systématique mais très fréquente. Les cellules à développement rapide (dont les cheveux font partie) sont détruites par la chimiothérapie. Les cheveux, barbes et poils tombent mais repoussent quelques semaines après la fin du traitement. Et attention aux surprises, la repousse peut être parfois très différente ! Les cheveux lisses peuvent repousser frisés, et inversement…

Dès l’annonce de mon traitement, mon oncologue m’avait prévenu de la perte certaine de tous mes cheveux. J’ai donc anticipé la situation. Mon conseil ? N’attendez pas de voir tomber vos cheveux : coupez-les très courts avant votre programme de chimio, cela vous permettra d’avoir la sensation de garder le contrôle et de vous habituer en douceur à votre nouveau look.

Perte de goût et d’appétit

Traitements, fatigue, nausées et stress peuvent provoquer une perte d’appétit importante. Le risque majeur est la malnutrition mais surtout la perte de poids.
Parfois même, certains aliments que vous affectionnez particulièrement ne sont plus envisageables. Les voir, les sentir vous rebutent et c’est tous vos goûts qui s’en trouvent perturbés.

Cette perte de goût et d’appétit a été très déstabilisante pour moi qui suis un (très) bon mangeur : plus rien ne me faisait envie ! Je me suis alors mis en quête d’aliments que je trouvais appétissants. Pour ressentir du plaisir, j’agrémentais mes repas avec des produits forts en bouche, comme des fromages type roquefort ou des plats épicés. Les plats indiens étaient donc les bienvenus. Ces choix n’étaient pas forcément dans mes habitudes alimentaires mais les goûts dans ce nouveau contexte avaient véritablement évolué. Et d’ailleurs d’une chimio à l’autre, mes goûts changeaient encore ! Affectionnant le saumon, je l’ai délaissé pour du pâté puis de la salade… Des vraies inconstances culinaires dignes d’une femme enceinte !

Autre inconfort : l’impression d’un goût métallique persistant dans la bouche. Il est une des autres conséquences de la chimiothérapie. Pour masquer celui-ci, rien de tel que la prise de pastilles mentholées dans la journée… Mais heureusement cet état est transitoire, le goût et l’odorat revenant quelques semaines voire quelques mois après la fin du traitement.

Attention au poids !

Autre préoccupation : la perte de poids. Je craignais de m’affaiblir et donc de moins pouvoir surmonter toutes les étapes des traitements. J’ai donc segmenté mes repas, ce qui m’a permis d’augmenter leur fréquence puisque les rations étaient plus réduites. J’ai essayé de trouver des aliments plus caloriques et de prévoir des repas froids, ce qui me tentait davantage. Cette période a aussi été l’occasion de cuisiner autrement, de découvrir de nouvelles saveurs.

Diarrhée

La diarrhée est un effet indésirable fréquent des chimiothérapies. Elle peut se manifester au début du traitement et se prolonger 15 jours après la fin de celui-ci. Bien qu’elle ne puisse pas être prévenue, il est possible de la traiter avec des médicaments adaptés et un changement d’alimentation. Il est conseillé de manger avec des petites rations à chacun des repas principaux (petit-déjeuner, déjeuner et dîner) et de faire des collations au cours de la journée, comme par exemple dans la matinée, en milieu d’après-midi et en fin de soirée.

Concernant l’alimentation, il faut éviter les aliments riches en matières grasses ainsi que les cuissons à forte teneur en graisses (fritures par exemple). Les plats épicés sont également déconseillés, les épices étant irritantes pour le tube digestif. Les aliments qui contiennent des sucres en grande quantité, comme le pain complet et le son sont à éviter, ainsi que les légumineuses (lentilles, haricots secs). La consommation de café est déconseillée en cas de diarrhées car cette boisson accélère le transit intestinal.

Constipation

Le ralentissement de l’activité physique et les produits de traitement peuvent provoquer une constipation souvent passagère.
Les préconisations sont alors les suivantes :

Boire au moins 2 litres d’eau par jour
Privilégier les aliments riches en fibres comme les fruits et les légumes frais. Les compotes de pruneaux sont excellentes !
Faire de l’exercice de façon régulière
Boire un verre d’eau glacée ou un jus de fruit au réveil
Pratiquer des massages doux du ventre.

Douleurs

Certains produits de traitement peuvent induire des douleurs articulaires, musculaires, des maux de tête ou d’estomac. Ces douleurs peuvent se prolonger bien après la fin du le traitement.
Je n’ai personnellement pas tenté de les contrer mais la prise d’un anti-douleur type paracétamol est souvent proposée par votre médecin.

Mucites (aphtes)

Certains de mes amis ayant été atteints d’un cancer m’avaient mis en garde sur le risque d’aphtes dans la bouche et la gorge. Les douleurs buccales peuvent en effet apparaître en cas de forte dose de chimiothérapie. Elles sont provoquées par l’action du traitement sur les cellules de la bouche.

Il a donc été indispensable d’avoir une bonne hygiène dentaire et de la bouche : brossage des dents systématique après chaque repas, utilisation d’une brosse à dents souple (à remplacer tous les mois), rinçage de la bouche plusieurs fois dans la journée. Ces rinçages peuvent se faire avec de l’eau ou avec une solution à base de bicarbonate. Evitez les bains de bouche contenant de l’alcool qui risquent d’accentuer les douleurs.

La rigueur dans ces rituels de bains de bouche a vraiment été bénéfique et m’a permis de contenir totalement l’arrivée des aphtes.

Peau sèche

Certains traitements peuvent également provoquer des problèmes de peau telles que sécheresse, rougeurs, éruption cutanée. La plupart du temps, ces effets secondaires n’ont pas de conséquences sur la santé. Cependant, il est primordial de protéger sa peau du soleil et des agressions extérieures.
Ma peau étant devenue très sèche sur tout le corps, j’ai utilisé des crèmes hydratantes en abondance. Je suis certain que vous découvrirez des masques hydratants et autres cosmétiques dans vos placards ou dans ceux des autres membres de votre foyer. Je ne pensais pas que l’on pouvait en trouver autant !

Protégez-vous également du soleil : chapeau, lunettes, tee-shirt anti UV pour se baigner (ceux de Décathlon sont très qualitatifs et peu onéreux) et crème écran total… eh oui, vous êtes devenu plus fragile !

Yeux

Changement de vision, irritation et sensibilité à la lumière ou à la poussière sont parfois provoqués par certains traitements. D’autant que ces derniers ont également provoqué la perte de vos cils et sourcils…et c’est une fois disparus qu’on réalise leur utilité ! Les yeux sont sensibles au soleil, au vent, à la poussière…

Mon conseil : portez des lunettes de soleil qui vous protègeront et du temps clair et des poussières. J’ai également investi (8 €) dans une paire de lunettes légèrement teintées pour les jours plus nuageux. S’ils sont irrités, un collyre pourra vous soulager.

Concentration et mémoire

La chimiothérapie peut altérer votre capacité à vous concentrer ou à réfléchir clairement. Cet effet secondaire s’atténue avec le temps.
J’ai ainsi ressenti des difficultés à lire et à me concentrer ou tout simplement à réfléchir. Impossible par exemple de lire ou parfois de suivre une émission de télévision. J’avais en fait la sensation constante d’être un peu ivre. Une conversation longue me demandait beaucoup d’efforts.

Cette période de traitements m’a également fait perdre tout mon sens de l’orientation ! Il m’est même arrivé, un jour, ne plus me souvenir de quelle maladie je souffrais ! Heureusement, après une sieste, j’ai repris mes esprits !

Vous l’aurez compris : ne prenez pas de décision importante sans avoir consulté préalablement une personne de confiance.