Comment parler de son cancer à ses enfants
Comment parler de son cancer à ses enfants
C’est bien connu, les petits êtres extra-lucides qui peuplent notre foyer sont extrêmement sensibles aux changements… Et les événements perturbateurs qui viennent parasiter l’équilibre familial les touchent de plein fouet ! Quand l’un des parents est atteint d’un cancer, il est essentiel d’en informer rapidement les enfants. Colère, peur, culpabilité, vos enfants sont vite envahis par une foule de sentiments difficiles à exprimer. Dites-leur franchement ce qui vous arrive, ils se sentiront davantage en sécurité.
Règle numéro 1 : ne pas les prendre pour des billes
Quel que soit leur âge, inutile de chercher à cacher votre cancer pour “préserver” vos enfants. Vos tout-petits comme vos ados ont le droit de savoir que leur papa est malade, et de cultiver avec vous l’espoir de guérison ! Si personne ne leur dit ce qui se passe vraiment, les plus petits risquent d’inventer les pires scénarios : n’oubliez pas que leur imagination débordante peut vite prendre le pas sur la réalité ! Il est possible également qu’ils endossent la responsabilité de cette situation inédite, car les enfants ont tendance à vite culpabiliser. Les ados, de leur côté, se sentiront terriblement trahis lorsqu’ils découvriront votre secret (et cela finit toujours par arriver).
Règle numéro 2 : préparer le terrain
Choisissez un moment où vous vous sentez prêt à parler calmement, et sélectionnez à l’avance les mots que vous allez employer. À l’annonce de votre maladie, vos enfants peuvent avoir des réactions très diverses. Prévoyez d’être disponible pour eux dans les heures qui suivent afin de répondre à leurs questions, sécher leurs larmes, faire un jeu ou une balade !
Règle numéro 3 : jouer franc-jeu
Les malades du cancer ne sont pas tous experts en oncologie, loin de là ! Répondez le plus honnêtement possible aux interrogations de vos enfants, en leur précisant bien que vous n’ayez pas réponse à tout. L’essentiel est de vous montrer toujours disponible pour écouter leurs questions, quitte à vous renseigner pour leur apporter plus d’informations par la suite.
Règle numéro 4 : adapter ses explications
En fonction de leur âge, les enfants ont un rapport différent au temps et à la maladie.
- Les enfants de moins de 3 ans ne peuvent pas se représenter clairement le concept de maladie. Ils peuvent éventuellement comprendre que leur papa ne se sent pas très bien et qu’il a besoin de médicaments, mais n’ont pas vraiment de notion concrète du temps et de l’espace. Ils ont besoin de repères pour ancrer une situation dans leur réalité : si vous devez subir une opération par exemple, et rester à l’hôpital quelques jours, c’est important que votre enfant puisse vous rendre visite.
- Entre 3 et 5 ans, vos enfants peuvent comprendre la particularité du cancer, si vous le leur expliquez à l’aide de termes très simples. Si vous ne trouvez pas les mots, il existe plusieurs ouvrages de littérature pour enfants qui abordent ce sujet ! Ils concernent principalement le cancer des mamans… à l’exception de Mon papa est malade de Antonia Altmeyer, Gaëlle Callac & Xu Hualing, un album animé qui évoque le cancer et ses traitements.
- Entre 5 et 12 ans, les enfants sont réceptifs aux informations plus détaillées sur le cancer. Ils en ont déjà sûrement entendu parler par le biais de l’école, d’internet ou de la télévision. La Ligue contre le Cancer a réalisé une série de vidéos explicatives destinées au jeune public. Vous pouvez les visionner avec eux sur Lig Up, le site de prévention créé pour aborder les questions de santé avec les enfants et les adolescents.
- Entre 13 et 18 ans, nos ados ont déjà été en contact, de près ou de loin, avec une personne atteinte du cancer. Parlez de vos balafres avec eux ! Ils peuvent comprendre les enjeux médicaux liés au diagnostic et au traitement, et vous poseront sans doute une foule de questions à ce sujet.
Règle numéro 5 : ne pas faire de la mort un sujet tabou
“Mais alors, papa, tu vas mourir ?” : il est fort possible que votre enfant vous pose directement la question qui tue… ! Qu’on le veuille ou non, le cancer engage notre pronostic vital, et cette question nous trotte dans la tête régulièrement. Pour autant, les taux de survie progressent chaque année, et le décès n’est plus une fatalité pour les personnes atteintes du cancer. Alors, essayez de rassurer au maximum votre enfant, tout en restant réaliste :
- “Je vais tout faire pour que ça n’arrive pas”.
- “Les médecins me donnent un traitement pour m’aider à aller mieux”.
- “Pour le moment je suis avec toi, et je fais tout mon possible pour me soigner”.
Si votre pronostic n’est pas bon, rassurez votre enfant sur le fait qu’il y aura toujours quelqu’un pour s’occuper de lui. L’incertitude liée au cancer est très difficile à accepter, mais c’est une réalité : ne faites pas à vos enfants des promesses que vous ne pourriez pas tenir.
Sabine André
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